Un bout de terre rêvée où se croisent pêle-mêle Ghinzu, Girls in Hawaï, dEUS, Ann Pierle, Arno…Et Ozark Henry.
On l'avait simplement croisé au détour d'une page. Une page de bons plans pour les cadeaux de fin d'année, le regard fier sur sa pochette noire ; l'air mystérieux et la mèche rebelle empruntée à Jay Jay Johanson. Et puis on était sorti du métro, l'idée avait germée sur le trottoir : Il fallait revenir à The sailor not the sea, ce titre alambiqué, ces chansons dérivatives.
Ces chansons, dix chansons, autant de bonheur pour finir l'année. La finir tout simplement sur une note positive, portée par le chant lointain d'un pécheur de mélodies. Loin des rivages, La donna mobile plante le décor et empile les couches atmosphériques pour créer le nouveau courant. Du trip pop. Batteries low-tempos, basse discrète et voix haute perchée, La donna mobile permet de croire encore aux concepts albums, écoutables d'un trait, sans lassitude.
L'émotion de la voix de Piet Goddaer coupe le souffle et l'on cherche la ventoline sur Indian Summer, tout clavier dehors, belle comme un soleil qui se couche. Cette voix de crooner flamand, ces violons pincés, rythmique impec', la mélancolie… On compte les secondes qui s'égrènent, le spleen belge sans doute qui fait son effet.
Si Ozark Henry reste dur à définir, sorte d'ovni musical oscillant entre la world music et la pop raffinée, The sailor not the sea touche au cœur comme un patchwork variant les ambiances, les décors. Résolument rock aérien sur "Jocelyn it's crazy" (Ses guitares en reverb'…), ambiance cosy sur "Give yourself a chance with me", ritournelle à la manière de Coldplay sur "At sea"…
Si l'on reconnaît un album à la mémorisation facile de ses refrains, The Sailor not the sea s'installe dans le peloton de tête. Facile sans compromis, difficile sans obstacle, les émotions sans les larmes, ce quatrième album s'affirme comme une réussite. Structure hybride portée par un collectif hors pair, Ozark henry tente la Soul intimiste sur "Free Haven" ou l'instrumentale inspirée sur "The Sailor not the sea" (très Morcheeba dans le style).
A l'heure des featurings intempestifs, Piet préfère la collaboration, et pas la pire. En allant chercher Jaki Liebezeit, mythique batteur de Can (auteur du plus bel album Krautrock, Tago Mago), Ozark Henry frappe haut et fort, assurant un rythme endiablé et tribal à ses compositions. Un bien bel effort donc, pour un artiste, un vrai puisant ses influences autant du coté d'Eno que de Peter Gabriel.
De belles références pour un prêtre de cantiques modernes à découvrir très, mais alors très rapidement. Avant l'extinction des feux.
A lire aussi sur Froggy's Delight : L'interview d'Ozark Henry
Ozark Henry en concert à la Maroquinerie en décembre 2005
En savoir plus : Le site officel de Ozark Henry
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