14 juillet 2006

Hadouk Trio - Utopies

Titre : Hadouk Trio - Utopies
Naïve / 2006
Cordes / Claviers : Loy Ehrlich
Percussions : Steve Shehan
Vents : Didier Malherbe

Le Hadouk Trio, comme son nom le laisse supposer, explore les territoires du jazz. Mais pas uniquement. Ici, la tristement nommée musique « world » tient une place importante dans les voyages orchestrés par ces trois musiciens bourlingueurs, qui ont cette fois décidé de placer leur enregistrement sous le signe de toupies cosmiques, conjuguant dérive et spatialié. Utopies est un disque minutieux, sans frontières, qui fait naviguer les sens avec une sérénité resplendissante.

Pour commencer, une petite présentation des trois entités qui s'unissent sur ces sillons est de rigueur. On trouve en premier lieu le dénommé Didier Malherbe, qui occupe la place de maître des instruments à vent. Cofondateur de Gong, collaborateur de Robert Wyatt ou Jacques Higelin, il utilise ocarinas, saxophone, flûte, doudouk (hautbois arménien) pour adoucir et aérer les trames des douze compositions de l'album. A ses côtés officie Loy Ehrlich, spécialisé dans les instruments à cordes, de la kora au hajouj (basse des gnawas) mais aussi des claviers, qui a prêté ses doigts agiles à Peter Gabriel ou Youssou N'Dour. Le troisième guide de ce périple est Steve Shehan, adepte des percussions qui a façonné des rythmes pour Brian Eno, John McLaughlin ou Paul McCartney, et qui peut taper aussi bien sur des cuirs que des métaux. A cette profusion de matériaux, outre quelques apports électroniques parcimonieux, les trois vadrouilleurs ont ajouté quelques inédits, signe de leur curiosité : orgue à bouche du Laos, gumbass (caisse du guimbri plus manche de basse électrique), hang (croisement du steeldrum et du gamelan)...

Utoupies

Ce serait donc méconnaître le trio que de croire qu'il comptait se reposer sur ses propres acquis et se contenterait de briller par son pedigree. Pour finir d'étoffer leur panel, ils ont invité le trompettiste Jon Hassell sur trois morceaux. De cet alignement de sonorités et de personnalités résultent un disque où aucune piste ne se ressemble, pour peu que l'on se donne la peine de ne pas se détourner. Quelques constantes toutefois : des tempos unanimement calmes, une production tamisée et irréprochable, une délicatesse sans failles dans l'exécution. Les timbres et textures s'empilent, dialoguent, s'éloignent et délimitent une musique aux contours indéfinis, aux horizons mouvants et timides. En bref, l'alchimie prend immédiatement, l'érudition, l'humilité et la minutie sont palpables, conférant à Utopies ce caractère rare : celui de laisser glisser les tentatives de description et de passer de tout commentaire ou de toute référence pour paraître brillant.

Du genre à faire travailler l'imaginaire, le Hadouk Trio confectionne un univers bien à lui, ou l'attention et le calme sont requis pour saisir la subtilité et la finesse de leurs assemblages. Du petit lait pour qui ne craint de se perdre dans ces étendues aux repères discrets, et un idéal remède pour qui considère le jazz comme une musique de techniciens jouisseurs.

13 juillet 2006

Youssou N'Dour au service des Nuits d'Afrique

D'ethnie wolof, Youssou N'Dour a suspendu le chantier de son prochain album pour entreprendre une tournée de trois semaines en Europe et au Japon. En Amérique du Nord, Montréal est sa seule destination estivale, et pour cause : le chanteur sénégalais y parraine les 20es Nuits d'Afrique.

Cette fois, Youssou N'Dour n'a rien de particulier à promouvoir. Pas de nouvel album depuis la sortie d'Égypte en 2004, pas de chansons inédites, pas de tube en tandem avec quelque Peter Gabriel ou Neneh Cherry.

Ce soir, 19 h, le célébrissime Sénégalais chante au Métropolis et prête ainsi main-forte aux 20es Nuits d'Afrique. Pour la deuxième fois, d'ailleurs: en 1999, il avait accepté d'être parrain du festival montréalais. Au-delà de la super étoile de Dakar (c'est aussi le nom de son groupe), il y a le citoyen engagé dans la promotion de la culture africaine à l'échelle mondiale.

«Les Nuits d'Afrique, fait-il observer, représentent une plateforme importante pour l'Afrique en Amérique du Nord. Et c'est toujours un plaisir que d'appuyer ce festival: nous voulons que ça puisse continuer, car la musique africaine a besoin de telles plateformes aux quatre coins du monde.»

Ainsi donc, Youssou N'Dour s'est extirpé de ses studios dakarois pour «trois semaines de parrainage». «Je soutiens plusieurs plateaux d'artistes africains pour des concerts au Japon, en Italie et à Montréal. Je crois qu'il est important de s'arrêter, de penser aux autres et de donner.»

La musique africaine, il faut le dire, a une côte et une cote à remonter. Cette mode est loin derrière nous... Patrick Roy était à gagner sa première coupe Stanley lorsque Youssou N'Dour introduisait chez nous le style m'balax du haut de ses quatre octaves. Puis vinrent les tournées de Peter Gabriel dont il fut l'invité spécial, après quoi il fut consacré superstar d'Afrique.

«Quand la notion de world music est arrivée dans les années 80, se rappelle-t-il, l'Afrique était au centre de cette mode. Mais on aimait la musique africaine sans vraiment la connaître. On attendait quelque chose d'exotique de la musique africaine sans comprendre que les nombreuses cultures de ce continent avaient beaucoup plus à offrir. Qu'il y avait là-bas des musiques très complexes et très subtiles, bien au-delà des modes. Par la suite, on s'est un peu déconnecté de cette musique africaine.»

L'optimiste

Si les musiques du monde ne sont pas exemptes des phénomènes de mode, leur longévité l'est complètement. Youssou N'Dour remplit encore ses salles et jouit d'un grand respect à l'échelle mondiale. Et manifeste un optimisme certain quant à la place qu'occuperont les musiques africaines sur l'échiquier du showbiz planétaire.

«Maintenant? Je pense que de plus en plus de gens reviennent à la musique africaine, car ils sont les mêmes à s'intéresser à la diversité culturelle; ils essaient de comprendre les différentes expressions de cette diversité. Tout n'est-il pas devenu world music de nos jours? Si l'on ne fait pas dans le top 50 anglo-américain, on fait invariablement de la world music.

«Les artistes africains sont prêts pour un nouveau départ. D'autant plus que cette musique africaine a encore grand besoin de sortir de l'Afrique. C'est bien pour des artistes comme moi qui avons pris nos responsabilités en restant sur le continent afin d'essayer de faire les choses à partir de là-bas. Ça commence à porter ses fruits.»

Et que pense Youssou de tous ces musiciens africains établis dans les capitales occidentales?

«Je n'ai rien contre... Chacun a ses raisons d'y vivre. Les dispositions techniques sont meilleures en Occident, plusieurs villes africaines ne comptent pas de studio ou de professionnels aguerris permettant à un artiste de s'y développer. Dans beaucoup de pays africains, les choses ne sont toujours pas organisées. Or, je vois mes collègues expatriés revenir de plus en plus régulièrement chez eux afin de s'inspirer des ambiances locales ou même de préparer leur retour définitif en Afrique.»

Youssou N'Dour se réjouit également de la bonne santé de la génération montante: les artistes du hip hop africain, par exemple, s'inspirent aussi des musiques traditionnelles et des musiques africaines créées par leur prédécesseurs. «Je trouve formidable que les jeunes reprennent le flambeau.»

Youssou N'Dour ne vient pas à Montréal avec le Super Étoile de Dakar pour y présenter un répertoire inédit. Encore en plein chantier pour son prochain album, le chanteur ne veut rien dévoiler sur scène.

«On doit s'attendre à un pot-pourri de mon répertoire, des chansons connues, à un bon spectacle de Youssou N'Dour. Je n'ai pas de nouvelles chansons à proposer, mais je tourne avec ce répertoire depuis deux ans. Et puisque j'avais vraiment envie de sortir du studio pour retrouver la scène, ça devrait être un show intéressant.»

Précédé de la formation locale Dibondoko, Youssou N'Dour et le Super Étoile de Dakar se produisent au Métropolis à compter de 19 h pile, car le chanteur rentre en Europe le soir même.

Alain Brunet/ La Presse



12 juillet 2006

Youssou N’dour retourne aux sources

Les exploits de Youssou N’dour sont nombreux. Enfant pauvre du Sénégal devenu superstar avec ses rythmes ancestraux mariés à la musique contemporaine, il a collaboré étroitement avec Peter Gabriel, Wyclef Jean et même le défunt groupe Bran Van 3000, de Montréal.

Il a même écrit et interprété l’hymne officiel de la Coupe du monde de la FIFA en 1998, intitulé La cour des grands. En Afrique, il est vu comme un héros et, dans les pays développés, comme un ambassadeur du continent noir. Youssou N’dour est une de ces rares personnes qui donnent de l’espoir à ceux qui pensaient déjà en avoir assez.

Egypt, son dernier disque paru après les attaques du 11 septembre, où il offre plusieurs chansons qui démontrent la beauté et la grandeur de l’Islam tel que pratiqué en Afrique de l’Ouest, lui a valu un Grammy pour le «meilleur album de musique du monde contemporaine». Sur Egypt, il utilise un son beaucoup plus arabe.

J’ai eu l’occasion de bavarder avec Youssou au téléphone, car mon vieux vélo n’est pas assez solide pour me rendre à Dakar. Le musicien déclare qu’il aimerait retourner aux sources. «Je suis en train de mijoter quelques idées. Je souhaite retourner au Youssou N’dour classique.»

Le créneau musical qui a fait la célébrité de Youssou N’dour autour du monde dans les années 80 est cependant très différent de celui d’ Egypt. Le Mbalax, son traditionnel du peuple Wolof musulman du Sénégal, est marqué par des percussions ethniques, des influences latines et une ouverture vers le soul, le rock et le funk.

Bien qu’il ait fait le tour de la planète avec des grands noms de la musique occidentale, M. N’dour demeure profondément enraciné en Afrique. Il ajoute : «Avec le travail de Peter (Gabriel), j’ai bénéficié d’une certaine exposition. C’est ça l’échange, c’est ça la rencontre.» Youssou constate de plus que son travail avec ce dernier lui a permis, à lui aussi, de se conquérir des milliers de fans en Afrique. L’ancien membre de Genesis a déjà dit que Youssou possède «la plus belle voix du monde».

L’artiste africain profite du fait qu’il bénéficie d’autant de popularité sur les cinq continents pour faire passer des messages de paix. Il a participé au concert Live 8 contre la pauvreté en Afrique et la Fondation Youssou N’dour mène, par l’éducation, plusieurs campagnes pour faire échec au SIDA et au paludisme, des maladies virulentes en Afrique. Le but de sa fondation «est de puiser dans la musique pour rompre le silence des enfants qui souffrent» ainsi que pour «passer des messages que d’autres pourraient passer, mais peut-être pas avec autant d’impact».

Montréal est un endroit spécial pour Youssou, il est venu quelques fois déjà pour visiter ses fans. Selon lui, «à Montréal, les gens sont très intéressés par la musique». Ce qui l’a beaucoup touché est le caractère cosmopolite de la ville qui est souvent décrite comme un pont entre l’Europe et l’Amérique.

Il préfère cependant vivre en Afrique où demeurent ses racines et où il diffuse des enregistrements sur cassette qui ne verront jamais les tablettes de nos Archambault et HMV.

«Nous avons beaucoup de qualités, comme la chaleur humaine, qui font défaut en Occident.» Cette chaleur humaine, incontestablement africaine, débarquera ici le 13 juillet pour ouvrir la 20e édition du Festival International Nuits d’Afrique.

Youssou N’dour et le Super Étoile de Dakar,
avec Dibondoko en première partie.
Le jeudi 13 juillet, à 19 h au Métropolis.
Billets : 42 $.
[www.festivalnuitsdafrique.com]

Gabriel Aubry Gayón
La Grande Époque

July's lunar heights.

Peter was caught on camera many times this month, but unfortunatly not specifically for a Full Moon Club update, we offer instead a little hybrid alternative for the lunar peak.

As Peter said last month we had a party on the 28th to celebrate 20 years of the studios and showcase new music from Real World Records. Those attending the press conference had a chance to hear some of the near mythical "Big Blue Ball' project that has been undergoing a long gestation, but is now emerging in the skilled hands of producer Stephen Hague. Hear a little of 'Whole Thing' featuring Peter from that project and take an exclusive look at the day here at Real World, with a chance to hear from some of those at the event.

We had amazing performances from Charlie Winston, Guo Yue, Daby Touré, Sevara Nazarkhan and Little Axe, who's stunning set lured the legendary Robert Plant onto the stage with Peter for the end of the night.

Thanks to all those involved, and we hope you enjoy this little teaser!


Watch the clip in The Full Moon Club video section.