20 février 2007

L’Afrique au cœur du Zoulou blanc

En jetant un coup d’œil à l’itinéraire de tournée de Johnny Clegg, on s’étonnait que la capitale ait été exclue de la série de spectacles que le « Zoulou blanc » offre ces jours-ci en Ontario et au Québec. La raison de cette absence nous a été révélée hier par l’un de ses accompagnateurs qui, à l’autre bout du fil, a confirmé nos espoirs : « Nous serons au Festival d’été le 10 juillet. »

À n’en pas douter, l’annonce de la présence de Johnny Clegg dans la programmation du 40e Festival d’été s’avérera de la musique aux oreilles de milliers de mélomanes qui se rappellent avec bonheur la prestation du Sud-Africain au parc de la Francophonie, en 1993.

« Vous avez bien entendu ? » s’est assuré auprès du Soleil hier celui qui a souvent été comparé à Peter Gabriel. Très très bien, M. Clegg. Merci !

Conservant un souvenir plutôt frisquet de la capitale — « Je me souviens d’une visite en décembre où il faisait tellement froid ! » —, l’auteur-compositeur relate toutefois avec plaisir son premier contact avec le public québécois, au Festival international de jazz de Montréal (FIJM) de 1988.

« Le spectacle avait été phénoménal. L’un des meilleurs que j’ai donnés à ce jour. Ça ne s’oublie pas. Et puis, les spectacles, c’est comme l’amour. On se souvient toujours de sa première fois ! » a-t-il laissé entendre, un large sourire dans la voix.

Faisant l’objet d’un regain de popularité insoupçonné dans la province, à la suite d’une mémorable prestation au FIJM de 2004, Johnny Clegg profite de cette lancée pour venir présenter chez nous les pièces de One Life (2006), un disque où il demeure fidèle à sa fusion de pop, de rock et de rythmes africains caractéristique.

« L’un des aspects positifs de la musique du monde, c’est qu’elle n’est pas encarcanée dans un seule genre. Elle offre donc un vaste champ de possibilités et suppose une plus grande longévité. Aimant toutes les musiques, du raï au rock en passant par la pop, le hip-hop et les musiques indiennes, ça me va parfaitement ! La musique, c’est de la musique. Je n’ai jamais fait de croisade en faveur d’un seul genre. Je considère la musique, de façon globale, comme un moyen de communication. »

Et cet outil, Johnny Clegg en a fait largement usage au fil des ans. D’abord pour dénoncer le régime d’apartheid qui sévissait dans son pays et ensuite pour traiter de plusieurs préoccupations à teneur sociale comme la tolérance ou le sort des enfants soldats du Sierra Leone, une cause qui a inspiré une chanson sur One Life.

« J’écris des chansons qui touchent des sujets qui m’intéressent ou m’affectent. La situation du Zimbabwe du Nord en est une. Celle des enfants soldats en est une autre. Quant à la pièce Faut pas baisser les bras (en français), elle parle de la nécessité de se battre pour maintenir les droits politiques acquis. »

L’artiste cite l’exemple inquiétant de son pays où, en septembre, le gouvernement a étudié la possibilité d’un projet de loi qui aurait mené à l’autocensure des médias.

« Il y a deux constantes dans mon écriture, les thèmes du pouvoir et, probablement parce que je viens d’un pays qui a longtemps été divisé, celui du passage de la fragmentation à la complétion. »
Anthropologue de formation qui s’intéresse à des questions souvent difficiles, Johnny Clegg affirme néanmoins aborder la vie avec un certain optimiste, voire parfois un certain humour.

« Je touche souvent à des sujets sérieux, mais je le fais aussi avec une certaine ironie, ce qui relève de l’humour. Au même titre que le théâtre grec classique. Je pense que si on est toujours trop sérieux dans la vie, on passe parfois à côté de ce qui est important. »

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