La chanteuse africaine en concert parisien pour la sortie de «Djin Djin», nouvel album soutenu par des invités prestigieux.
Angélique Kidjo Ce soir à 21 heures au New Morning, 7-9 rue des Petites-Ecuries, Paris Xe. CD: «Djin Djin» (EMI).
Angélique Kidjo a beaucoup d'amis dans presque tous les styles de musiques actuelles. Plusieurs d'entre eux participent d'ailleurs à son nouveau disque : Carlos Santana, Peter Gabriel, Branford Marsalis, Alicia Keys, Ziggy Marley, Joss Stone, Josh Groban ou Amadou et Mariam. Bref, peu d'artistes originaires d'Afrique, voire d'ailleurs, peuvent rassembler autant de célébrités sur un seul album. «Je leur ai juste demandé s'ils acceptaient de faire telle ou telle chanson avec moi. Le problème a été surtout une histoire de planning à régler. Cela a été OK, car j'ai eu beaucoup de chance par rapport à leurs emplois du temps respectifs», raconte Angélique Kidjo, bout de femme pleine d'énergie, au chant tendu.
Succès. Produit par Tony Visconti (T. Rex, Bowie, Morrissey), enregistré à New York, son disque semble un manifeste du savoir-faire américain tel qu'on le conçoit dans la world music. Soit une manière qui privilégie le rythme, polit les sons et soigne les arrangements afin de produire un style afropop aux ambitions universalistes. Au-delà des duos de prestige, le timbre ample et légèrement voilé d'Angélique Kidjo n'est jamais mieux mis en valeur que dans les morceaux qu'elle chante en solo, comme les émouvants Arouna ou Lonlon, une reprise du Boléro de Ravel qui lorgne vers l'Afrique du Nord.
Née d'ethnie Fon dans un milieu petit-bourgeois et artistique en 1960 à Ouidah, le port vaudou de l'ex-Dahomey, baptisée à sa naissance Angélique Kpasseloko Hinto Hounsinou Kango Manta Zogbin («le sang d'une lanterne ne peut allumer une flammèche»), Kidjo a poussé la chansonnette dès son plus jeune âge, fascinée par le Pata Pata de la Sud-Africaine Miriam Makeba. C'est de Paris, où elle s'est établie en 1983, qu'elle réalise ses premiers succès.
En 1997, elle décide de partir vivre en famille à New York, un peu vexée de la place de plus en plus réduite accordée aux musiques africaines dans l'Hexagone. «Je viens régulièrement à Paris. J'ai besoin des deux. C'est une question d'équilibre. Mais depuis l'histoire des quotas, le glas a sonné pour des musiques comme la mienne, alors qu'on ne cesse de nous parler de diversité. Mais laquelle?» s'énerve la chanteuse en évoquant la loi Toubon, qui favorise la diffusion de chansons en français à la radio. «Aux Etats-Unis, les artistes francophones sont comme moi, classés dans les rayons world music. Tout le monde vit avec des clichés. Mais je sens qu'en Amérique les gens sont devenus plus curieux, plus ouverts qu'en Europe. Je fais des tournées dans tout le pays. On me parle de musique, mais aussi d'autres choses, de problèmes de société, d'Afrique», dit-elle.
Etendard. Angélique Kidjo raconte aussi qu'elle a été sollicitée par le département américain des Affaires étrangères pour donner son avis sur l'aide à apporter à l'Afrique : «Je leur ai répondu: "Les gens que vous voulez aider sont des êtres humains, considérez-les comme des frères et soeurs, pas comme des statistiques. Il ne suffit pas de donner de l'argent quand on sait qu'il y a une grande corruption en Afrique. Il faut un commerce équitable, car la recherche absolue du profit met en danger des vies humaines."» La preuve qu'elle brandit toujours ses racines en étendard, n'hésitant pas à porter la contradiction et s'attirant nombre d'amitiés dans le show-biz outre-Atlantique.
Par Bouziane DAOUDI
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