Il s'appelle Paul-Bert Rahasimanana. Mais le petit peuple malgache dont il est l'idole ne le connaît que sous son nom de scène : Rossy. Une idole ? Un dieu vivant plutôt. Après six longues années d'exil, l'artiste domicilié à Issoudun, a retrouvé la terre de ses fans et de ses ancêtres au printemps dernier. Comme prévu, le retour au pays a été grandiose.
Rossy, enfant pauvre du quartier de Mahamasina à Antananarivo, la capitale d'un pays un peu plus grand que la France, comptant 18 millions d'habitants. Porte-parole d'une musique colorée et rythmée, l'artiste a fait sien cet accordéon apporté dans leurs valises par les anciens colons français. Peter Gabriel a été son producteur et ami. L'ancien président malgache Didier Ratsiraka en a aussi fait son conseiller culturel. Mais quand sonne l'heure de la difficile transition de 2002 avec l'arrivée au pouvoir de Marc Ravalomanana, Rossy n'a d'autre issue que le départ vers la France.
Chez lui, Rossy était en danger. En France, il n'est qu'un étranger parmi d'autres. Imaginez un peu Johnny Hallyday dans le deux-pièces d'un quartier de New-York, coupé de tout ce qui a fait sa splendeur et sa célébrité. Rossy à Paris puis à Châteauroux, c'est exactement pareil. Mais l'homme a un sacré caractère. Issoudun sera bientôt son nouveau port d'attache. Il va s'y reconstruire et recommencer à parler d'avenir.
L'avenir, ce seront des tournées à destination de la communauté malgache française, un formidable mais trop bref festival international d'accordéon à Issoudun puis un conte pour enfants. Lors d'un premier et discret retour à « Mada » en septembre 2007, Rossy peut mesurer l'étendue intacte de sa popularité. Mais le meilleur est encore à venir…
“ Tu reviens quand à Madagascar ? ”
Dans l'une des chansons de l'album produit en octobre 2007 baptisé « Ins Vaovao » (NDLR : Quoi de neuf), Rossy pose avec malice les questions qui lui sont adressées de son pays natal. « Il paraît que tu es milliardaire. Il paraît que tu es chauffeur livreur. Il paraît que tu es sans papier. » Rien de tout cela. L'homme qui a obtenu entre-temps la nationalité française ne roule pas sur l'or mais il ne vit pas dans la misère. Il tient à le faire savoir. Pas trop difficile. Dans les colonnes des quotidiens malgaches « La Vérité », « Les Nouvelles » et « l'Express », son nom et sa tête sont partout. « Rossy, tu reviens quand ? » Un peu de patience…
Oui, Rossy veut revenir. Mais lors d'une conférence de presse organisée tout spécialement, le ministre malgache de la culture déclare « que ce retour n'est pas opportun. » Il aurait mieux fait de se taire. S'il est difficile de parler de liberté de la presse à Madagascar, le pays dispose malgré tout d'une nouvelle génération de journalistes courageux. Face au tollé médiatique, le ministre devra démissionner. Et la présidence sera dans l'obligation de lâcher du lest. Rossy peut revenir. A une seule et unique condition : pas de déclaration politique durant son séjour…
Ce séjour a eu lieu en mai et en juin. L'occasion de concerts monstres. 15.000 personnes à Nosy Be, encore plus à Fianarantsoa. Le summum sera atteint à « Tana » le 26 juin, jour de la Fête de l'indépendance. Après avoir épuisé le stock de billets, les organisateurs sont obligés de vendre les souches ! 50.000 personnes en transe garnissent le plus grand stade de la capitale. Paul-Bert Rahasimanana a fait mieux que le pape !
Promis, juré, il y retournera. En attendant, Rossy a retrouvé la quiétude issoldunoise avec un plaisir non dissimulé. « En France, j'ai découvert la tranquillité. C'est bien aussi. » Rossy est devenu « taiseux. » Presque un vrai berrichon…
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