Naïve / 2006
Cordes / Claviers : Loy Ehrlich
Percussions : Steve Shehan
Vents : Didier Malherbe
Le Hadouk Trio, comme son nom le laisse supposer, explore les territoires du jazz. Mais pas uniquement. Ici, la tristement nommée musique « world » tient une place importante dans les voyages orchestrés par ces trois musiciens bourlingueurs, qui ont cette fois décidé de placer leur enregistrement sous le signe de toupies cosmiques, conjuguant dérive et spatialié. Utopies est un disque minutieux, sans frontières, qui fait naviguer les sens avec une sérénité resplendissante.
Pour commencer, une petite présentation des trois entités qui s'unissent sur ces sillons est de rigueur. On trouve en premier lieu le dénommé Didier Malherbe, qui occupe la place de maître des instruments à vent. Cofondateur de Gong, collaborateur de Robert Wyatt ou Jacques Higelin, il utilise ocarinas, saxophone, flûte, doudouk (hautbois arménien) pour adoucir et aérer les trames des douze compositions de l'album. A ses côtés officie Loy Ehrlich, spécialisé dans les instruments à cordes, de la kora au hajouj (basse des gnawas) mais aussi des claviers, qui a prêté ses doigts agiles à Peter Gabriel ou Youssou N'Dour. Le troisième guide de ce périple est Steve Shehan, adepte des percussions qui a façonné des rythmes pour Brian Eno, John McLaughlin ou Paul McCartney, et qui peut taper aussi bien sur des cuirs que des métaux. A cette profusion de matériaux, outre quelques apports électroniques parcimonieux, les trois vadrouilleurs ont ajouté quelques inédits, signe de leur curiosité : orgue à bouche du Laos, gumbass (caisse du guimbri plus manche de basse électrique), hang (croisement du steeldrum et du gamelan)...
Utoupies
Ce serait donc méconnaître le trio que de croire qu'il comptait se reposer sur ses propres acquis et se contenterait de briller par son pedigree. Pour finir d'étoffer leur panel, ils ont invité le trompettiste Jon Hassell sur trois morceaux. De cet alignement de sonorités et de personnalités résultent un disque où aucune piste ne se ressemble, pour peu que l'on se donne la peine de ne pas se détourner. Quelques constantes toutefois : des tempos unanimement calmes, une production tamisée et irréprochable, une délicatesse sans failles dans l'exécution. Les timbres et textures s'empilent, dialoguent, s'éloignent et délimitent une musique aux contours indéfinis, aux horizons mouvants et timides. En bref, l'alchimie prend immédiatement, l'érudition, l'humilité et la minutie sont palpables, conférant à Utopies ce caractère rare : celui de laisser glisser les tentatives de description et de passer de tout commentaire ou de toute référence pour paraître brillant.
Du genre à faire travailler l'imaginaire, le Hadouk Trio confectionne un univers bien à lui, ou l'attention et le calme sont requis pour saisir la subtilité et la finesse de leurs assemblages. Du petit lait pour qui ne craint de se perdre dans ces étendues aux repères discrets, et un idéal remède pour qui considère le jazz comme une musique de techniciens jouisseurs.
Pour commencer, une petite présentation des trois entités qui s'unissent sur ces sillons est de rigueur. On trouve en premier lieu le dénommé Didier Malherbe, qui occupe la place de maître des instruments à vent. Cofondateur de Gong, collaborateur de Robert Wyatt ou Jacques Higelin, il utilise ocarinas, saxophone, flûte, doudouk (hautbois arménien) pour adoucir et aérer les trames des douze compositions de l'album. A ses côtés officie Loy Ehrlich, spécialisé dans les instruments à cordes, de la kora au hajouj (basse des gnawas) mais aussi des claviers, qui a prêté ses doigts agiles à Peter Gabriel ou Youssou N'Dour. Le troisième guide de ce périple est Steve Shehan, adepte des percussions qui a façonné des rythmes pour Brian Eno, John McLaughlin ou Paul McCartney, et qui peut taper aussi bien sur des cuirs que des métaux. A cette profusion de matériaux, outre quelques apports électroniques parcimonieux, les trois vadrouilleurs ont ajouté quelques inédits, signe de leur curiosité : orgue à bouche du Laos, gumbass (caisse du guimbri plus manche de basse électrique), hang (croisement du steeldrum et du gamelan)...
Utoupies
Ce serait donc méconnaître le trio que de croire qu'il comptait se reposer sur ses propres acquis et se contenterait de briller par son pedigree. Pour finir d'étoffer leur panel, ils ont invité le trompettiste Jon Hassell sur trois morceaux. De cet alignement de sonorités et de personnalités résultent un disque où aucune piste ne se ressemble, pour peu que l'on se donne la peine de ne pas se détourner. Quelques constantes toutefois : des tempos unanimement calmes, une production tamisée et irréprochable, une délicatesse sans failles dans l'exécution. Les timbres et textures s'empilent, dialoguent, s'éloignent et délimitent une musique aux contours indéfinis, aux horizons mouvants et timides. En bref, l'alchimie prend immédiatement, l'érudition, l'humilité et la minutie sont palpables, conférant à Utopies ce caractère rare : celui de laisser glisser les tentatives de description et de passer de tout commentaire ou de toute référence pour paraître brillant.
Du genre à faire travailler l'imaginaire, le Hadouk Trio confectionne un univers bien à lui, ou l'attention et le calme sont requis pour saisir la subtilité et la finesse de leurs assemblages. Du petit lait pour qui ne craint de se perdre dans ces étendues aux repères discrets, et un idéal remède pour qui considère le jazz comme une musique de techniciens jouisseurs.
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