03 août 2007

KARKWA : Une soirée de plaisir

De nos jours, on s'attend à un tas de choses en arrivant sur le site d'un spectacle, mais pas à voir le batteur du groupe en tête d'affiche t'accueillir à l'entrée, cinq minutes avant d'entrer en scène.

C'est pourtant ce qui s'est produit hier, au premier des trois spectacles en résidence de Karkwa au Club Soda. En conversation avec les collègues Olivier Robillard Laveaux et Marie- Hélène Poitras, nous nous sommes mis à jaser avec Stéphane Bergeron, un peu nerveux, qui nous a expliqué que le groupe avait dû scinder son spectacle acoustique en deux à la dernière minute, en raison de l'absence d'une première partie et de l'obligation d'avoir un entracte. N'empêche, on trouvait qu'il était bien osé d'être là cinq minutes - mais vraiment cinq minutes!- avant l'entrée en scène.

Mais voilà, à concept acoustique, concept de mise en scène. Quand Louis-Jean Cormier s'est installé pour amorcer La Fuite, tout seul sous un unique projecteur, on a compris...Julien Sagot s'est joint à lui avant la fin de la chanson, mais Karkwa a graduellement accru son personnel sur scène, durant près d'un quart d'heure, d'une chanson à l'autre, donnant de plus en plus de densité à son volet acoustique.

Karkwa: les tremblements unplugged

Une telle livraison oblige le chanteur à être plus solide que jamais et les instrumentistes à être soudés au maximum, les filets de protection nommés dissonance, distorsion et volume n'étant plus là pour palier aux erreurs.

Jour nouveau

Franchement, même si on sentait qu'il n'y avait pas toujours de zone de confort, Karkwa n'a pas démérité. Que ce soit avec La Marche, Le Solstice - une composition basée sur un poème de Pierre Neveu, durant laquelle le pianiste François Lafontaine a tiré les marrons du feu -, où pendant M'empêcher de sortir, les enrobages dénudés ont permis de découvrir les chansons sous un jour nouveau, comme on l'a fait pour Malajube plus tôt cette semaine, quoique le décalage était moins prononcé.

Karkwa s'était aussi entouré d'amis. Fred Fortin est venu rejoindre Cormier et tous ses collègues pour une livraison de Pili-Pili qui avait l'air d'un formidable blues sale sorti du Delta du Mississipi. On a même eu le temps d'apprécier le travail du quatuor à cordes Cartier avant d'aller rédiger ces lignes. De retour ce soir, pour la livraison Sons et images et une autre soirée de plaisir.

Du plaisir, on en a eu au centuple avec Émilie Simon qui avait droit à l'un des derniers Spectrum remplis à ras bord. Un Spectrum qui délirait quand elle offrait (à la Fender) Fleur de saison; quand elle nous faisait vibrer de la pulsion de Opium, ou quand elle chantait sa version en deux tempos de I Wanna Be Your Dog. Et muet comme une carpe suis-je resté pour savourer jusqu'à la dernière note sa nouvelle reprise de Mercy Street de Peter Gabriel, ou une version belle à en pleurer de Chanson de toile, titre qu'elle n'avait pas interprété depuis des années. Magnifique!

Philippe Rezzonico Le Journal de Montréal

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