24 septembre 2007

Manu Katché: "Miles Davis est un maître"

Batteur attitré du gotha de la scène pop-rock et juré impitoyable de La Nouvelle Star, Manu Katché, signe son retour avec Playground (terrain de jeu) son deuxième opus, enregistré à New York avec son quintet de musiciens européens. Douze ballades aux climats zen et impressionnistes qui évoquent le Miles Davis de Kind of Blue et de Birth of the cool...Il s'explique pour leJDD.fr.


A écouter l'album, on vous devine comme un type assez contemplatif...

Définitivement. Je peux m'asseoir pendant trois heures pour regarder la montagne et les nuages. Sans m'ennuyer une seconde. Pareil à la mer ou sur la terrasse d'un café. C'est une activité solitaire, pas toujours facile pour mon entourage, mais j'ai besoin de me retrouver seul avec moi pour laisser mon esprit se balader et me retrouver dans une espèce de somnolence. Chacun a sa manière de se retrouver en soi-même pour ensuite délivrer de purs moments de plaisir.

Certains morceaux évoquent directement Miles Davis...

Dans mon premier album, il y avait aussi des références à l'album Kind Of Blue. C'est un maître, un leader d'opinion musicale, il a su passer les époques sans jamais se répéter, avec le souci constant de se renouveler et de se réinventer. Je l'ai rencontré une seule fois pendant la tournée Amnesty 88 avec Peter Gabriel dans le New Jersey, au Giant Stadium. Après le concert, Miles était dans les loges et il me dit de sa voix caverneuse: Man, you sound great (Mec tu sonnes bien). Je n'ai malheureusement jamais joué avec lui.

Vous semblez adhérer à sa philosophie: "Jouer peu de notes mais de belles notes...

Oui, je ne suis pas un grand fan de milliards de notes jouées en une mesure. Mais je respecte, chacun sa façon de s'exprimer. Dans la musique, il faut toujours penser au silence, le respecter, lui laisser une place. Cela peut paraître étonnant pour un batteur de dire ça. Mais quand le silence est bien placé, la note qui suit est juste magique.

L'album a été enregistré en trois jours. Pourquoi si vite ?

C'est la règle dans le jazz. Les budgets ne sont pas les mêmes que pour les albums "mainstream" pop ou rock. Trois jours, c'est quand même un peu court. Avec une semaine on aurait été vraiment très confortables. Là, il faut aller un petit peu plus dans l'urgence. Ce qui n'est pas désagréable non plus. On va à l'efficacité. On a répété une journée et on a enregistré en deux jours, dans les conditions du live, tous ensemble dans le studio, à l'ancienne.

Enregistrer à New York, c'est inspirant ?

Quoi qu'on en dise, New York demeure la Mecque du jazz. Et puis j'adore cette ville pour son architecture, son énergie, avec les coursiers le matin, le bruit... Et même si l'album est assez zen, je trouvais bien de me nourrir de cette énergie parfois agressive, au sens positif du terme, pour ensuite se retrouver dans un îlot ouaté et de jouer une musique assez zen, plénitude. Le prochain album, on ira peut-être l'enregistrer au Caire, une mégalopole bouillonnante que l'on présente souvent comme le "New York du Proche-Orient".

Dans votre quintet, on retrouve deux musiciens polonais et deux musiciens norvégiens. Fâché avec les jazzmen américains ?

Evidemment, j'adorerais jouer avec Branford Marsalis ou d'autres. Mais je me sens plus d'affinités avec les Européens. En fait, j'ai l'impression que le jazz européen a vraiment pris le pas sur le jazz américain. Il fut une époque où on était vraiment très complexé. Si on n'était pas noir américain né à New York, c'était une catastrophe. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. La musique instrumentale européenne se construit par le mélange du jazz avec sa liberté d'improvisation mais aussi avec l'influence de la musique classique. Bien plus que dans le jazz américain. Et c'est une force.

"Je ne me revendique pas comme un jazzman"

Vous avez une éducation musicale classique. A quand remonte la rencontre avec le jazz ?

Cette musique a été omniprésente durant toute mon enfance. De huit à douze ans. A la maison, mon beau-père écoutait beaucoup de be-bop. A l'époque, je m'entraînais à la batterie dans la cave de mes grands parents en écoutant les disques de Dizzy Gillepsie, Bird ou du regretté Art Blakey...

Vous vous considérez comme un jazzman ?

En fait j'ai du mal à utiliser le mot "jazz" pour décrire ma musique... Dans ce milieu, on trouve beaucoup de puristes, des "intellectuels de la chose" très sourcilleux quant à l'utilisation du mot "jazz". Pour eux, "Manu Katché ne saurait être un jazzman". Et c'est vrai. Je ne me revendique pas comme un jazzman. A mon petit niveau, je fais de la musique instrumentale, à connotation jazz. Le problème avec les puristes, c'est qu'ils refusent souvent de voir cette musique s'enrichir d'autres influences et d'autres univers. Au risque de la scléroser et d'en faire une musique "musée".

On vous retrouvera à la télé dans le jury de La Nouvelle Star ?

Non c'est fini. Pour de bon. J'ai fait quatre saisons, je me suis bien amusé, ça m'a apporté beaucoup et je n'ai pas l'impression d'avoir vendu mon âme. Mais cette année, j'avais envie de concentrer sur la tournée. En revanche, je continue One Shot Not sur Arte, qui passe en mensuel en janvier 2008. Je fais encore un peu de télé, mais différemment, moins grand public, plus axée sur mes goûts personnels... On retrouvera Annie Lennox, Ben Harper, Craig Armstrong, Jamie Cullum et Peter Gabriel.

Votre album s'appelle Playground, soit terrain de jeu... c'est un clin d'oeil au terrain vague de votre enfance ?

Je n'y avais pas pensé, mais c'est vrai que môme, j'ai passé beaucoup de temps à jouer sur un terrain vague près de chez mes grands-parents. Pour la petite histoire, c'est sur ce même terrain que fut construit le conservatoire où j'ai commencé mes études de musique. Sans doute un signe du destin...

CD. Playground (ECM/Universal)
En concert le 8 octobre. Théâtre des Champs-Elysées.

Propos recueillis par Eric MANDEL/ leJDD.fr

23 septembre 2007

Rhythms without frontiers

Angélique Kidjo delights in breaking the boundaries of ‘world music’ – even when she is going back to her roots

Angélique Kidjo’s singing career began at the age of six, with her mother’s theatre troupe in Benin, west Africa. But when the military dictatorship forced her to sing for them, “I felt raped in my soul, my free will stepped on,” she recalls. She fled to Paris in the 1980s to become the West’s most successful African diva, a singer-songwriter melding African sounds with jazz and funk, latin and gospel. Yet her message for anyone wanting to harness her voice – whether tyrannical regimes or roots purists sniping at her “crossover” appeal – is clear. “It’s my vision of my music and my culture,” she stabs the air. “Nobody has a right to tell me what to do with it.”

We are sipping herbal tea in a smart hotel in the centre of Paris, though Kidjo, a petite dynamo with a close crop of dyed-blonde hair, now lives mainly in New York. She will be at the Barbican, in London, on September 28 as part of Passage of Music, a series of events marking the bicentenary of Britain’s abolition of the slave trade.

Her new album, Djin Djin, features longtime collaborators Carlos Santana and Branford Marsalis, with song partners including Peter Gabriel, Amadou and Mariam, Alicia Keys, Joss Stone and Ziggy Marley. Kidjo’s powerful voice combines classical and jazz training in Paris with zilin, a blues-like vocal technique from Benin. Most of her songs are in her mother tongue, Fon – including a mesmerising a cappella version of Ravel’s Boléro. “I can sing a cappella any music you give me,” she says. “Traditional musicians in Africa have no microphones – all you have is your ear.”

Djin Djin is a return to her source: “In Benin, the rhythms are so complex.” Finding a flowering of talent there after the return to democracy in the early 1990s, she built the album around traditional percussionists from the Gangbé Brass Band. The album producer, Tony Visconti (veteran of David Bowie and T Rex recordings), was sceptical. She laughs, “I said, ‘Tony, trust me. I know the power of the drums. When they start speaking, you follow.’ ” She says that the “world music” tag “used to make my blood boil. Now I don’t care – I know it’s human nature to try to categorise people in order to feel in charge”. She is also used to annoying the purists, who cast doubt on her authenticity. “I’ve been bashed left and right by people who want to have control. I never fit those clichés. I grew up listening to all genres.” For the musicians of her childhood, “music had no frontiers, no colour, no language – you do what you have to do to touch people’s soul”.

Africans should be unafraid to borrow from American music, she says, since “they’re only taking back what’s theirs”. Her album trilogy, Oremi (1998), Black Ivory Soul (2002) and Oyaya! (2004), traced West African influences along the slave routes into the Americas, from the Deep South to Cuba and Bahia in Brazil. “Everywhere I go, I find a bit of my country and the African continent,” she says. Listening to reggae, she heard traces of the gogbahoun rhythm from her own village, while in samba she heard drumming from Benin’s ceremonial vodu – a term local followers of the ancestral religion prefer to “voodoo”.

“Rock’n’roll would not exist without the blues, which started in the cotton fields. They took the drums away so Africans couldn’t communicate, but we communicated by song.”

It was music that first made her aware of slavery, when she saw an image on an album cover, and asked “how people could be African and American at the same time”. She was born in 1960 in Ouidah, on Benin’s coast, a key port in the slave trade. But at school “everything made for an amnesia. It had to be explained by my grandmother”. Benin was a musical crossroads, from Zairean rumba and Cameroonian makossa, to the samba of slave descendants returning from Brazil speaking Portuguese creole – including Kidjo’s maternal grandfather.

One of nine children, she was introduced by her siblings to rock and Motown, and sang with the Kidjo Brothers Band. But when the 1972-90 dictatorship of Mathieu Kérékou decreed that “all artists had to praise the regime, I said I’d rather die”. Moving to Paris in 1983, she had ambitions to be a human-rights lawyer. “But after three months in law school I thought, I’m better off with a microphone.” After singing with the afro-jazz group Pili Pili in Holland and Germany, Kidjo was signed by Chris Blackwell of Island Records in 1989, and had dancehall hits in the 1990s.

Her classically trained husband, bass guitarist Jean Hébrail, became her producer. They have a teenage daughter, Naima, who plays piano. Her work in the American diaspora “redoubled the pride I had”, she says. “If we Africans could have such a musical influence, then we can use music to have an impact on other issues.” She sees Live8 as a “good idea, but the way it was handled was wrong. If you want to help Africa, you have to work hand in hand with Africans. You can’t be Bob Geldof and tell us African artists can’t play in Hyde Park because people will turn off the television. It’s taking the public as stupid”.

Kidjo has been a Unicef good-will ambassador since 2002, and recently met French politicians in Paris after visiting Sudan’s Darfur region. “The politicians are realising if they don’t find a solution to Darfur, they’ll be held responsible – unlike the Rwandan genocide,” she says. She has also just launched Batonga, a foundation to pay for girls’ education in five African countries. “When you get that chance in life,” she says, “you’ve got to give back.”

Djin Djin is out tomorrow; Angélique Kidjo plays the Barbican, EC2, on Friday

Maya Jaggi

I would make a great courtesan

Seventies supermodel Marie Helvin lived and loved at the centre of a hyper-glamorous set but in all her affairs all she wanted was sex

There was a time when it was pretty much impossible to pick up a fashion magazine without seeing a picture of Marie Helvin. Alongside her best friend Jerry Hall she was an icon of the late 1970s, a proto-supermodel married to David Bailey, the bad-boy cockney photographer who had elbowed aside the Lichfields and Snowdons to become the toast of Harper’s and Vogue.

Helvin’s look defined the times: her face had a combination of innocence and knowingness and her exotic heritage – Japanese mother, Danish-American father, childhood on the beaches of Hawaii – stood out, even in a hyper-glamorous crowd. Mick Jagger, Hall’s then boyfriend, made up a foursome with the Baileys and there were parties seemingly every night – with Eric Clapton, Jack Nicholson, Trudie Styler and Sting, Peter Gabriel and Warren Beatty just a few of the celebrity cast on an ever changing guest list. (...)