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13 juillet 2006

Youssou N'Dour au service des Nuits d'Afrique

D'ethnie wolof, Youssou N'Dour a suspendu le chantier de son prochain album pour entreprendre une tournée de trois semaines en Europe et au Japon. En Amérique du Nord, Montréal est sa seule destination estivale, et pour cause : le chanteur sénégalais y parraine les 20es Nuits d'Afrique.

Cette fois, Youssou N'Dour n'a rien de particulier à promouvoir. Pas de nouvel album depuis la sortie d'Égypte en 2004, pas de chansons inédites, pas de tube en tandem avec quelque Peter Gabriel ou Neneh Cherry.

Ce soir, 19 h, le célébrissime Sénégalais chante au Métropolis et prête ainsi main-forte aux 20es Nuits d'Afrique. Pour la deuxième fois, d'ailleurs: en 1999, il avait accepté d'être parrain du festival montréalais. Au-delà de la super étoile de Dakar (c'est aussi le nom de son groupe), il y a le citoyen engagé dans la promotion de la culture africaine à l'échelle mondiale.

«Les Nuits d'Afrique, fait-il observer, représentent une plateforme importante pour l'Afrique en Amérique du Nord. Et c'est toujours un plaisir que d'appuyer ce festival: nous voulons que ça puisse continuer, car la musique africaine a besoin de telles plateformes aux quatre coins du monde.»

Ainsi donc, Youssou N'Dour s'est extirpé de ses studios dakarois pour «trois semaines de parrainage». «Je soutiens plusieurs plateaux d'artistes africains pour des concerts au Japon, en Italie et à Montréal. Je crois qu'il est important de s'arrêter, de penser aux autres et de donner.»

La musique africaine, il faut le dire, a une côte et une cote à remonter. Cette mode est loin derrière nous... Patrick Roy était à gagner sa première coupe Stanley lorsque Youssou N'Dour introduisait chez nous le style m'balax du haut de ses quatre octaves. Puis vinrent les tournées de Peter Gabriel dont il fut l'invité spécial, après quoi il fut consacré superstar d'Afrique.

«Quand la notion de world music est arrivée dans les années 80, se rappelle-t-il, l'Afrique était au centre de cette mode. Mais on aimait la musique africaine sans vraiment la connaître. On attendait quelque chose d'exotique de la musique africaine sans comprendre que les nombreuses cultures de ce continent avaient beaucoup plus à offrir. Qu'il y avait là-bas des musiques très complexes et très subtiles, bien au-delà des modes. Par la suite, on s'est un peu déconnecté de cette musique africaine.»

L'optimiste

Si les musiques du monde ne sont pas exemptes des phénomènes de mode, leur longévité l'est complètement. Youssou N'Dour remplit encore ses salles et jouit d'un grand respect à l'échelle mondiale. Et manifeste un optimisme certain quant à la place qu'occuperont les musiques africaines sur l'échiquier du showbiz planétaire.

«Maintenant? Je pense que de plus en plus de gens reviennent à la musique africaine, car ils sont les mêmes à s'intéresser à la diversité culturelle; ils essaient de comprendre les différentes expressions de cette diversité. Tout n'est-il pas devenu world music de nos jours? Si l'on ne fait pas dans le top 50 anglo-américain, on fait invariablement de la world music.

«Les artistes africains sont prêts pour un nouveau départ. D'autant plus que cette musique africaine a encore grand besoin de sortir de l'Afrique. C'est bien pour des artistes comme moi qui avons pris nos responsabilités en restant sur le continent afin d'essayer de faire les choses à partir de là-bas. Ça commence à porter ses fruits.»

Et que pense Youssou de tous ces musiciens africains établis dans les capitales occidentales?

«Je n'ai rien contre... Chacun a ses raisons d'y vivre. Les dispositions techniques sont meilleures en Occident, plusieurs villes africaines ne comptent pas de studio ou de professionnels aguerris permettant à un artiste de s'y développer. Dans beaucoup de pays africains, les choses ne sont toujours pas organisées. Or, je vois mes collègues expatriés revenir de plus en plus régulièrement chez eux afin de s'inspirer des ambiances locales ou même de préparer leur retour définitif en Afrique.»

Youssou N'Dour se réjouit également de la bonne santé de la génération montante: les artistes du hip hop africain, par exemple, s'inspirent aussi des musiques traditionnelles et des musiques africaines créées par leur prédécesseurs. «Je trouve formidable que les jeunes reprennent le flambeau.»

Youssou N'Dour ne vient pas à Montréal avec le Super Étoile de Dakar pour y présenter un répertoire inédit. Encore en plein chantier pour son prochain album, le chanteur ne veut rien dévoiler sur scène.

«On doit s'attendre à un pot-pourri de mon répertoire, des chansons connues, à un bon spectacle de Youssou N'Dour. Je n'ai pas de nouvelles chansons à proposer, mais je tourne avec ce répertoire depuis deux ans. Et puisque j'avais vraiment envie de sortir du studio pour retrouver la scène, ça devrait être un show intéressant.»

Précédé de la formation locale Dibondoko, Youssou N'Dour et le Super Étoile de Dakar se produisent au Métropolis à compter de 19 h pile, car le chanteur rentre en Europe le soir même.

Alain Brunet/ La Presse



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