Le Forum de Davos se donne une teinte sociale
Leçons du sommet économique mondial
Le Forum de Davos, souvent décrié comme le “sommet du capitalisme”, s’est attaché, cette année, à donner une image socialement responsable en multipliant débats et initiatives sur le réchauffement climatique, la pauvreté et les conséquences de la mondialisation.
Parmi les questions posées aux grands de ce monde, certaines auraient pu figurer sur l’agenda du Forum social mondial qui vient de s’achever à Nairobi. Quels sont les effets de la mondialisation ? Quelles sont les solutions pour limiter le réchauffement climatique ? Où en sont les programmes de lutte contre le sida ?
Aux côtés des P-DG et des chefs d’État, plus d’une cinquantaine d’organisations non gouvernementales étaient conviées, comme Care, Amnesty International, Greenpeace ou le WWF.
Comme tous les ans, certains philanthropes célèbres se sont déplacés, comme le fondateur de Microsoft Bill Gates, venu parler non seulement de nouvelles technologies, mais surtout de sa fondation qui finance des projets humanitaires en Afrique.
La présence d’autres célébrités engagées dans l’aide aux pays pauvres, comme le chanteur irlandais Bono et le musicien britannique Peter Gabriel, eux aussi des habitués de Davos, ont permis de mettre les questions humanitaires sous le feu médiatique.
Certaines grandes entreprises ont aussi profité de leur présence au Forum économique mondial pour s’afficher avec des organisations caritatives ou humanitaires, telles que le numéro un mondial de la finance, la banque américaine Citigroup, aux côtés du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) ou Manpower, le géant américain du travail temporaire avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR).
Proclamé l’un des thèmes majeurs de la 36e édition du Forum économique mondial, le changement climatique a, quant à lui, occupé dix-sept débats et tables-rondes, sans compter les multiples déclarations de responsables économiques ou politiques assurant de leur prise de conscience et de leur détermination à agir.
Publiée à la veille du forum, une étude auprès de ces “leaders” invités au forum indiquait pourtant que seulement 20% d’entre eux considéraient la protection de l’environnement comme une priorité. Mais le chiffre est deux fois supérieur à celui de l’année précédente, se sont réjouis les organisateurs du forum, qui ont commandé le sondage. À titre de comparaison, selon un sondage publié début janvier, près de la moitié des Français estiment que le réchauffement climatique est “l’enjeu de ce siècle pour l’humanité”.
Malgré l’omniprésence de ce thème à Davos, certains “leaders” ne se sont d’ailleurs pas montrés très convaincus, comme le P-DG du géant pétrolier ExxonMobil. Interrogé sur la réalité du réchauffement climatique lors d’un débat, Rex Tillerson a répondu, lacunaire : “C’est clair qu’il se passe quelque chose. Mais quoi ?”
“Les plus grands “réchauffeurs” de la planète sont ici. Il y a forcément un peu d’hypocrisie et de bonne conscience”, résume le photographe Français Yann Arthus-Bertrand, invité du forum. “On parle de réchauffement climatique”, mais les participants “viennent ici en jet privé, en hélicoptère, en grosse voiture 4x4”, a-t-il déploré.
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