Robert Lepage : ensemble vocal
Robert Lepage, qui a reçu le Prix d'Europe en avril à Thessalonique, en Grèce, signe Lipsynch , une pièce de cinq heures et vingt minutes dont la version finale fera... neuf heures ! (Photo AFP)
La fausse voix, la voix de Dieu, entendre des voix, la post-synchro, la traduction... Robert Lepage sillonne le vaste territoire de la voix, dans sa nouvelle création Lipsynch, présentée en première nord-américaine au festival TransAmériques. Une oeuvre en neuf histoires, où Lepage traite de musique rock, de tumeur au cerveau et de Léonard de Vinci.
Un Robert Lepage enroué décroche le combiné de sa chambre d'hôtel de Vancouver. La journaliste de La Presse, affligée d'une vilaine bronchite, n'a guère le ton plus cristallin. «Pour parler d'un show sur la voix, ça va mal», lâche-t-il, amusé.
Celui qui a reçu le mois dernier le Prix d'Europe, qui a travaillé avec Peter Gabriel et le Cirque du Soleil, qui a des antennes à Londres, Tokyo, Madrid, Paris, parle de la naissance de Lipsynch avec une simplicité déconcertante. Un peu comme si cette coproduction d'Ex Machina et du Théâtre sans Frontières de Newcastle - qui fait cinq heures 20 minutes et durera neuf heures dans sa version finale - était le résultat du banal remue-méninges d'une bande de copains qui se réunissent dans une caserne, lorsque les planètes sont alignées.
«On travaille là-dessus depuis un an et demi. Mais il arrive qu'on se rencontre pendant deux semaines pour ne plus se revoir avant six mois. C'est difficile de réunir tous ces gens de pays différents, de concilier les agendas.»
Rassembler en un même endroit des artistes de Berlin, de Newcastle, des îles Canaries, de Valence et du Québec est une entreprise colossale. Mais diriger des improvisations où l'on parle l'allemand, deux sortes d'espagnol, l'anglais, un dialecte écossais et le français québécois? Cela suffirait pour faire perdre son latin au commun des mortels. Or, tout le monde ne s'appelle pas Robert Lepage qui, lui, a sauté dans le chaos langagier comme un gamin dans un carré se sable. «Comme je connais toutes ces langues, j'arrivais à faire l'interprète.».......
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