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06 juin 2007

Angélique Kidjo fêtée au New Morning

Sur le coin du bar, un petit type en chapeau écrit un mot qu'il compte offrir à la boule d'énergie qui tient la scène du New Morning, le 4 juin : "Angélique, pourquoi es-tu partie en Amérique ? Un seul soir avec toi à Paris, et tout redevient possible, la vie surtout." L'ambassadeur du Bénin en France est au fond, en boubou brodé. Madame Farhi, 83 ans, qui dirige l'endroit depuis vingt-six ans, fête le retour de l'enfant prodigue au champagne. Le barman grimpe au coin du comptoir.

Il y a Radio Nova et sa garde avancée des musiques du monde et innovantes. Il y a Angélique Kidjo sur le ring. Les musiciens foisonnent dans la salle. Le micro fait des siennes, le son cafouille. C'est un peu l'anarchie, le New Morning a ouvert en 1981, avec Art Blakey. Le hasard y a toujours ses entrées.

Le type en chapeau entame une seconde lettre : "Angélique, l'Amérique, c'est loin, reviens. Parce qu'un soir sans ta voix est un jour sans soleil." Et puis il y a les gosses, des Blancs, des métis, des Noirs, venus avec leurs parents malgré l'école du lendemain et l'extrême touffeur d'un New Morning prêt à exploser.

Béninoise, française, new-yorkaise de Brooklyn, Angélique Kidjo vient de publier Djin, Djin, un disque (EMI) de facture américaine, avec de la pop africaine, plein de duos avec des amis proches (Peter Gabriel, Carlos Santana, Alicia Keys, Ziggy Marley, Brandford Marsalis, Amadou et Mariam...). Djin, Djin se vend très bien aux Etats-Unis, où la chanteuse béninoise est partie s'installer avec son mari français, le bassiste et compositeur Jean Hébrail, il y a près de huit ans. Trop boudée du grand public en France. Pourquoi ?

Parce qu'elle chante en fon, en yoruba, sur des rythmes cubains, brésiliens, jamaïcains, haïtiens, nigérians, béninois... en bref, compliqués ? Qu'elle n'est pas assez "roots", pas assez acoustique ? Ou qu'elle parle trop (amour, égalité, paix) ? Ou parce que les chemins de la diaspora que reconstitue Angélique Kidjo - née un 14 juillet à Ouidah, épicentre de la traite esclavagiste du golfe de Guinée - ne sont pas clairement identifiés dans l'Hexagone ?

TOURNÉE AMÉRICAINE


Ces chemins passent par la Sud-Africaine Myriam Makeba, dont Kidjo reprend Malaïka, sublime ballade qui sied à la puissance de sa voix. Ils passent en la France, par Serge Gainsbourg (Ces petits riens) ou par un duo avec Henri Salvador (Le Monde comme un bébé). Ils servent aussi à "vaudouiser" le rock - Gimme Shelter, des Rolling Stones (sur le disque, en duo avec Joss Stone), qu'emballe en spirale le quintet dirigé par le guitariste brésilien Joao Motta.

Angélique Kidjo
danse comme au pays, magnifiquement, elle chante pareillement. Depuis ses concerts du Zèbre de Belleville fin 2004, elle n'avait pas été vue à Paris. Elle y reviendra à la rentrée 2007. Pour l'heure, impossible de lui glisser un billet : elle s'envole vers Zurich, puis vers Fès, au Maroc, avant la reprise de la tournée américaine, en première partie de la méga-star Josh Groban.

Véronique Mortaigne
Article paru dans l'édition du 07.06.07.

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