Daniel Lanois, producteur de U2 et de Bob Dylan, évoque sa passion pour la musique
Daniel Lanois sera au Town Hall Theatre le samedi 1er juin à 22 heures pour y donner un récital de 45 minutes accompagné par le batteur Brian Blade. Ce concert sera suivi par la projection en avant-première à Galway du film/documentaire d’une durée de 90 minutes de Daniel, Here Is What Is.
"J’ai séjourné à Galway, il y a longtemps, dans les années 1990", me dit Lanois au téléphone depuis Dublin, où il travaille en ce moment avec U2 à leur prochain album. "Ca fait si longtemps que ce concert sera comme une première fois."
Ce soir là, Lanois jouera des titres de ses divers albums en solo sur une guitare que lui a donné récemment l’un des membres de U2. "Je vais jouer sur une toute nouvelle Les Paul qu’Edge m’a donné", précise Lanois. "Ca vient de sa Music Rising Foundation. Elle est magnifique mais j’aurais aussi pour m’accompagner ma vieille Telecasters ainsi qu’une Pedal Steel Guitar."
Lanois possède tout une série de Fender Telecasters des années 1950 et 1960 ainsi que de nombreuses guitares acoustiques de collection, mais sa préférée reste sa Gold Top Les Paul de 1956. "C’est celle dont j’extrais le son le plus profond et elle est une amie sur laquelle je peux compter", souligne-t-il. "J’en joue avec de grosses cordes de sorte qu’elle semble être acoustique entre mes mains."
Lanois est né en 1951 à Québec et est fier d’être un Canadien français. "Mon identitié franco-candienne joue un rôle dans mon songwriting." "J’ai écrit des chansons en français, grandi en parlant français et anglais. J’apprécie la mélodie tout comme mes père et grand-père qui étaient violonistes et jouaient des standards du pays et j’ai les mélodies dans la peau."
Bien que Lanois soit un songwriter et un musicien du plus gros calibre, il est mieux connu et reconnu pour son œuvre en tant que producteur sur les albums de U2, Bob Dylan, Emmoylou Harris, Peter Gabriel, etc. Son statut actuel, l’un des plus grands producteurs de disques, a débuté au milieu des années 1970 au côté de son frère, dans la cave de la maison de leur mère.
"Ca a commencé comme une industrie artisanale et c’est né de la passion et de l’amour de la musique." "Nous opérions en dehors de l’entrainement classique et ce qui aurait pu être un désavantage est devenu un avantage alors que nous étions forcé de créer notre propre son bien distinct. La rumeur s’est bientôt répandue que les frères Lanois avaient développé leur propre son et depuis je me lève chaque matin et essaie de faire quelque chose de novateur."
Et pourtant l’homme qui a produit Wrecking Ball pour Emmoylou Harris et Time Out of Mind pour Bob Dylan ne raffole pas du titre de "producteur". "C’est une étiquette que m’a collé l’industrie", dit-il. "J’aime aider les gens et je comprends l’harmonie aussi je suis en mesure d’aider quelqu’un."
En un sens, l’Irlande a fait du nom de Lanois celui d’un producteur et il est heureux de reconnaître que sa production — au côté de Brian Eno — sur The Unforgettable Fire pour U2 en 1984, l’a catapulté dans la major league (ligue nationale).
"Je bossais avec Brian Eno au Canada et j’ai reçu cette K7 d’Irlande", se souvient Lanois. "Brian l’a écoutée, l’a trouvée bonne et qu’il était possible d’en faire quelque chose, mais il m’a dit ne plus produire. Je lui ai dit que j’aimerais la produire et lui ai demandé de me recommander. Je me suis envolé pour l’Irlande, j’ai rencontré les gars et nous l’avons fait."
The Unforgettable Fire a été un succès artistique et commercial. C’est à partir de là que U2 a déployé ses ailes créatrices et qu’a débuté une longue collaboration avec Lanois qui allait également produire The Joshua Tree et Achtung Baby. Chacun de ces albums produits par Lanois était marqué du sceau de l’ambition artistique et de l’audace qui sont devenus les éléments clefs de l’évolution de U2.
"Le studio était plein de cœurs innovants", dit Lanois au sujet de la conception de ces albums. "J’aime faire des disques que j’aimerais écouter aussi je n’opère pas selon les critères du marché. Je tente d’accéder aux rêves des personnes qui se trouvent dans le studio d’enregistrement et fait ainsi des disques qui sont spéciaux pour chacun d’entre nous. Lorsque je bossais avec Bob Dylan sur Oh Mercy, je me suis élevée à un certain niveau de qualité. Ce qui revient à dire : je joue mieux au billard lorsque j’affronte Alex Higgins !"
Duquel de ces trois albums qu’il a produit est-il le plus fier ? "Je dois dire Achtung Baby", réplique-t-il. "C’était un tour de force et ca a franchi de nouvelles barrières sonores dans son expression de l’innovation et de l’engagement."
Pour l’heure, Lanois est retourné en studio avec U2, il travaille au 12e album studio du groupe.
"Nous avons presque fini", dit-il. "Ca marche plutôt bien et Bono chante comme un oiseau. Une fois encore le contenu est guidé par les aspirations et les rêves qu’ont les gens. Dans son noyau, c’est toujours le même U2 mais les tons et les textures prennent parfois certaines directions différentes pour donner une tournure à la chanson et une complexité vers laquelle les auditeurs reviennent. C’est ce que nous en tant qu’êtres humains apprécions dans l’art, les recoins cachés qui se révèlent au cours du temps."
Lors de son concert au Town Hall, Lanois projettera son long documentaire Here Is What Is qui donne une vision de l’intérieur fascinante de ses méthodes de travail et de son approche musicale.
"L’idée de ce film m’est venue d’une invitation d’un ami qui consistait à mettre une caméra dans un studio d’enregistrement et je n’avais jamais filmé aucune session auparavant", précise-t-il. "Nous avons essayé durant une session et ça a marché. je veux montrer comment ça s’est fait et je veux présenter la réalisation filmée de chansons de grandes personnalités. Ca commence par Garth Hudson, l’un de nos grands pianistes canadiens. Brian Blade est présent et nous nous rendons dans l’église baptiste de son père. Nous avons essayé de rester fidèles aux plans longs et pas aux coupes rapides. Aussi avons-nous laissé la caméra fixe sur une personne qui chante au piano comme le ferait l’œil humain en face de cette même personne."
Par Kernan Andrews
Traduit pour U2 France par "Corinne/Dead"
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