La super-star sénégalaise, qui conquiert le monde depuis Dakar, était fascinée, enfant, par le ndeup, un genre d’exorcisme public qui utilise les fétiches, la danse et les transes pour guérir les malade.
Avec le
Super étoile de Dakar, son orchestre depuis vingt ans,
Youssou N’Dour va donner un concert parisien, intitulé la Ronde des continents pour soutenir quatre associations en Colombie, à Madagascar, au Vietnam et au Togo. L’apôtre de la world music, sans cesse sollicité par une multitude de bonnes causes, les a choisies pour leurs actions concrètes en matière d’élevage, de culture, de déforestation et de sida chez les plus jeunes.
« Cette démarche par-dessus les continents » a fini de convaincre le chanteur planétaire, ambassadeur pour les Nations unies et l’Unicef.
NAISSANCE. Le 1er octobre 1959, à Dakar. Il est l’aîné de dix-sept enfants. Son père, Elimane N’Dour, choisit ce prénom pour marquer son amitié à un de ses meilleurs amis, Youssou, un grand commerçant. Sa mère, Sokhna, est la première des quatre épouses de son père.
PREMIER SOUVENIR. Des parties interminables de foot, dans la rue,
« en attaquant ». En 1998, il composera l’hymne pour la Coupe du monde de football.
« En 2002, au lendemain du France Sénégal, match d’ouverture du mondial, j’étais à Madrid pour un concert. Toute la presse espagnole titrait sur mon pays. Il n’y a que le foot, avec onze joueurs, qui provoque une telle vivacité, un tel rayonnement. »RITE. Il grandit dans le quartier de la médina de Dakar, au chant du muezzin. Il est fasciné par le ndeup, une manifestation de rue organisée en public par des personnes proches des pêcheurs, pour guérir et exorciser les malades. Invocation des fétiches, les danses, les transes l’impressionnent.
VOITURES. Son père, forgeron, fabrique des meubles en métal. Il récupère d’anciennes pièces de mécanique dans un garage dont il conduit souvent les voitures. Le petit pense que son père est propriétaire de nombreuses automobiles, toutes différentes. Il adore partir avec lui se balader vers l’océan.
INSPIRATION. Sa mère est griotte, comme sa grand-mère. Pour les baptêmes, elles chantent souvent en wolof, Daby, qui souhaite la bienvenue au bébé et en appelle les esprits protecteurs.
ÉCOLE.
« Je l’ai quittée à 13 ans. Ce n’est pas que je ne l’aimais pas, disons qu’il fallait en passer par là, mais vite, j’ai préféré l’école de la route. Je me souviens d’un maître, Palla Fene qui apportait son ghetto blaster en classe et qui écoutait de la musique cubaine et noire américaine, James Brown, Wilson Pickett, Marvin Gaye, Stevie Wonder… »PREMIER CONCERT. Au stade Joseph-Gaye, un hommage populaire est donné à la mémoire de
M’Bâ, un grand saxophoniste de Saint-Louis. À 13 ans,
Youssou écrit une petite chanson relatant les belles choses de la vie de cet homme qu’il chante lors du concert. Emmené sur scène par un des musiciens, il est tranporté par la joie de capter l’attention du public. Depuis ce jour, nombreux sont les Sénégalais qui pensent que
Youssou n’Dour est natif de Saint-Louis, l’ancienne capitale. La même année, en traversant une rue de Dakar, il entend la radio diffuser à tue-tête
M’Ba, sa première chanson. Deuxième choc. Mais quand il annonce à son père qu’il sera chanteur, celui-ci lui répond qu’ils sont tous alcooliques ou drogués !
ÉTRANGES ÉTRANGERS. En 1988, il organise avec
Peter Gabriel et Sting une tournée au profit de l’organisation humanitaire
Amnesty International. De nombreux artistes et organisateurs américains sont angoissés par l’étape à New Delhi et deux avions de matériel mais aussi de médecins, d’eau et de nourriture se posent en Inde. Des membres de la tournée recommandent de ne pas se baigner dans la piscine de l’hôtel.
« Dès notre arrivée, nous, les Africains, avons mangé – super bien – au restaurant de l’hôtel, puis nous nous sommes baignés. Le lendemain, tous les autres nous suivaient ! » Peter Gabriel est le parrain de son fils,
saint Louis,
Youssou est le parrain du fils de
Peter Gabriel, Edward.ISLAM. Mouride pratiquant, il observe le carême, prie cinq fois par jour et pratique l’aumône quotidiennement.
« Un jour, je ferai le pèlerinage à La Mecque. Le marabout m’apprend le livre sacré, le Coran, me guide vers Dieu. »PUB. Il a composé une petite mélodie et joué pour un spot diffusé à la télé sénégalaise en faveur des préservatifs. Ce mot est remplacé par
« protect », moins choquant.
PRÉSIDENT.
« Sous Abdou Diouf, Jacques Chirac, en visite officielle, était venu encourager une association qui luttait contre la drogue. Il s’était rendu en bus dans la banlieue de Dakar, à la sortie de la ville. Le soir, nous avons dîné ensemble. Nous sommes devenus potes. C’est un homme très lié à l’Afrique. » Aujourd’hui,
Youssou est membre du comité d’honneur de la
Fondation Jacques-Chirac.
(*) Le 27 sept. à 20 h 30, au Grand Rex, à Paris,
www.youssou.com