Philippe Meilleur, Le Journal de Montréal, 23-11-2008
On connaissait déjà le Winter Garden, ce mini-album de cinq pièces hivernales lancé il y a une douzaine d’années par l’ambassadrice de la musique celtique Loreena McKennitt. Voici que la reine de la harpe en propose une version allongée, question de mettre un peu de chaleur dans la saison morte qui approche.
McKennitt se souvient très clairement de l’émerveillement qui l’a envahie quand elle s’est mise à la création de A Winter Garden: Five Songs for the Season, en 1995.
«Nous étions en studio, mes musiciens et moi, et nous voulions explorer différentes sonorités et instruments, nous raconte-t-elle au bout du fil. Je voulais identifier certaines chansons traditionnelles, celles que nous avons finalement enregistrées sur le disque. Au départ, il n’y en avait que deux ou trois, mais nous avons décidé de prolonger un peu notre travail pour faire de notre recherche un mini-album. Les pièces étaient si belles que ça en valait la peine.»
Les choses seraient restées ainsi n’eût été l’insistance des amateurs, qui, au fil des années, ont souvent demandé d’avoir une version allongée du mini-album. «Les gens en voulaient davantage», dit Loreena McKennitt.
CONNECTÉE À LA NATURE
Profitant d’un récent passage en Europe, où elle était en tournée avec ses musiciens habituels, l’artiste s’est replongée dans ses études pour enfin mener à terme ce projet amorcé plus d’une décennie plus tôt.
«C’était une décision plutôt pragmatique, j’en conviens. Je voulais maximiser ma présence et celle de mes musiciens en Europe. En plus, nous n’avions besoin que de quatre ou cinq jours pour compléter le travail et faire un nouvel album.»
La chanteuse s’est donc remise à la lecture de l’Oxford Book of Carols, une anthologie qui recense les cantiques traditionnels.
«Je voulais cerner le contexte d’écriture de ces cantiques pour m’inspirer, dit-elle. Étant créées pour le temps des fêtes, ces chansons sont naturellement liées à l’hiver ou à la fin de l’automne. Le lien avec Winter Garden est venu de lui-même.»
Au bout du processus, huit nouvelles chansons se sont ajoutées aux cinq anciennes pour devenir A Midwinter Night’s Dream.
Toutes ont été enregistrées au studio Real World, qui appartient au rockeur Peter Gabriel. Situé dans un tout petit village du sud de l’Angleterre, l’endroit profite de la tranquillité et d’un lien privilégié avec la nature.
«Cela fait presque quinze ans que j’enregistre tout mon matériel là-bas, dit McKennitt. Il est hors de la ville, donc loin de toutes les distractions. Ça permet à mon équipe et à moi de nous concentrer uniquement sur la musique, d’autant plus qu’on y rencontre de nombreux autres artistes. Nous enregistrons dans une grande pièce dont la fenêtre donne sur un boisé. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela est inspirant et facile de travailler ainsi! Nous sommes connectés à l’énergie naturelle du moment, que l’on soit tôt le matin ou tard l’après-midi. C’est le genre de détail très important pour moi.»