ANALYSE
le 18 Juillet 2005
Kinshasa, Jeannot ne Nzau Diop
Les frontières s'ouvrent, la musique et les oreilles aussi. A l'affût de nouveaux genres de musique et de nouveaux sons, la planète entière s'enthousiasme pour des musiques différentes, et les rocks stars se ressourcent aux folklores les plus bizarres.
Les tambours, les percussions, les polyphonies et les voix bantoues, mandingue, pygmée africains sont sollicités à travers le monde dans les festivals et concerts en Europe et en Amérique. Ils étendent rapidement leurs catalogues discographiques. Cette vague folklorique s'assimile à un retour instinctif à la nature. Les occidentaux acceptent une sorte de colonialisme culturel qui a dangereusement modifié les habitudes musicales, les traditions. Le succès des ateliers d'ethnomusicologie à Genève et l'Amdahtra, l'association musiques et danses théâtres traditionnels à Lausanne, confirme ce besoin d'ouverture aux musiques du monde.
A L'ECOUTE DU MONDE
Ces organismes promouvaient l'art de scène, contribuant à sauvegarder ces modes d'expression traditionnels, mémoires vives souvent délaissées au profil de leurs cultures. Par la richesse et l'inventivité de ces spectacles, on propose des sources d'inspiration, des modèles nouveaux aux créateurs européens et américains. Le monde de la pop music a été fortement intéressé par ces musiques de renouvellement. Le musicologue, écrivain et musicien camerounais Francis Bebey à l'aide de son instrument préféré, la sanza et le nigérian Fela Anikulapo Kuti sont les précurseurs de cette tendance. Derrière ces deux là, la vague africaine a déferlé, en mêlant instrumentation traditionnelle et occidentale. Des groupes comme Touré Kunda, Osibisa, Youssou N'Dour, Mory Kanté, Salif Keita, Lady Smith Black Mambazo, partent conquérir les spectacles européens et une bonne part du marché.
« WORLD MUSIC » OU « MUSIQUE DU MONDE »
Musique du monde, ou plutôt musique des mondes, le terme « World Music » désigne moins un genre musical qu'une sorte de grande famille où se retrouvent toutes les musiques traditionnelles européennes, américaines, africaines et asiatiques. Au milieu des années 60, nombre de jazzman afro-américains parmi lesquels John Coltrane et Archie Shepp, opéraient un retour à leurs origines africaines en multipliant les albums aux titres faisant référence au continent noir. Ainsi, pour la première fois, des musiques autres qu'occidentales arrivaient aux oreilles du grand public blanc. Cet engouement pour les « autres cultures » portait déjà les signes annonciateurs d'un vaste mouvement, bientôt connu sous le nom de « World Music » dans les années 80.
A la fin des années 70 et au début de la décennie suivante, l'intérêt du public européen et nord américain pour des musiques très différentes de la variété du moment s'est traduit notamment par l'apparition de festivals spécialisés dans ce genre de musiques, tels celui de Sfinks, en Belgique, ou le Womad, World Music And Dance en Angleterre, lancé par le rocker anglais Peter Gabriel en 1982. Peter Gabriel a lancé le label Real World, qui a permis aux artistes-musiciens du Tiers Monde, de se faire connaître hors de chez eux et d'enregistrer dans d'excellentes conditions techniques.
D'autres labels spécialisés sont également apparus, comme World Circuit avec Oumou Sangare, Original Music, Hannibal, Ellipsis, Music of the World ou Iris Musique, confirment l'existance d'un public de plus en plus large pour des musiques jusque-là qualifiées de folklores. Parmi les régions du monde que cet engouement a permis de faire découvrir, l'Afrique tient une place de choix. Et c'est ainsi, notamment à Paris, qualifiée par certains de « Capitale de la World Music », que nombre de musiciens et chanteurs du continent noir ont pu se faire connaître hors de leurs frontières.....(lire la suite de cette longue analyse ici )