Une nuit avec Youssou N’Dour
Festival Nuits d’Afrique
Youssou N’Dour est l’un des plus importants ambassadeurs de la musique africaine sur la scène internationale. La rock star sénégalaise est aussi le parrain de la 20e édition du festival Nuits d’Afrique, qui se tiendra du 13 au 23 juillet à Montréal.
C’est dans les années 1980 que l’Occident découvre Youssou N’Dour à la faveur d’une rencontre avec Peter Gabriel qui lui fait faire la première partie de sa tournée américaine en 1984. Sa chanson Seven Seconds, interprétée en duo avec Neneh Cherry, le propulse sur le devant de la scène avec plus d’un million et demi de copies vendues, pour le seul single, dans les premiers mois au début des années 1990.
Depuis, Youssou N’Dour fait un carton dans tous les stades d’Afrique. Il est régulièrement en tournée en Europe, notamment en France, où il a fait les plus grandes salles, telles le Zenith, l’Olympia, voire le stade de Bercy ou encore l’Opéra Garnier, en 1991, à l’occasion du Festival Paris Quartier d’été, pour Africa Opera, en compagnie des Angélique Kidjo, Aïcha Kon et Djanka Diabaté.
Mondial de foot
En juin 1998, en duo avec la chanteuse belge Axel Red, Youssou N’Dour chante l’hymne officiel de la Coupe du monde de football qui se tient en France : l’occasion de réunir deux passions pour l’artiste qui, depuis deux semaines, n’a manqué aucun match depuis sa maison de Dakar, rivé qu’il est à son téléviseur. C’est finalement lors d’un transit en France qu’Alternatives réussira à le coincer, l’espace de quelques minutes, pour une interview téléphonique, au demeurant fort sympathique. « C’est grâce aux gens qui évoluent dans la culture et dans le sport que le visage de l’Afrique change », affirme le chanteur, qui poursuit en faisant remarquer que « le Mondial est un événement exceptionnel qui apaise les esprits », où les comportements sont ceux que devraient avoir les gens dans la vie : accolades entre partenaires de jeux et adversaires, des sanctions lorsque l’on commet une faute. En ce jeudi 22 juin, nous sommes à quelques heures des derniers matchs du premier round. Déjà le sort de la majorité des équipes africaines est joué. Aucune n’a encore réussi à se classer, quoique toutes peuvent quitter l’Allemagne la tête haute. Youssou N’Dour est très heureux de ce Mondial et prédit que le Ghana l’emportera contre les États-Unis en soirée pour passer au deuxième tour. Et de fait, c’est ce qu’il adviendra. Dans quatre ans, pour la première fois, l’événement sera disputé sur le continent noir, en Afrique du Sud, ce dont l’artiste sénégalais n’est pas peu fier : « Le Mondial passe la main à l’Afrique », conclut-il poétiquement.
Celui qui mélange, pour notre plus grand bonheur, sonorités africaines traditionnelles et pop internationale, n’en est pas à son premier passage à Montréal. « J’aime beaucoup Montréal, affirme-t-il très convaincant. C’est une ville multiculturelle, francophone au milieu de l’Amérique du Nord. Les gens sont sympathiques, il s’y passe plein de choses. C’est le Festival de Jazz qui m’a donné ma première chance, avec Peter Gabriel [en 1988]. » Par la suite, le chanteur revient souvent à l’invitation des festivals et des nombreux copains qu’il dit avoir maintenant à Montréal. En 2004, il participe de nouveau au Festival de Jazz lors de l’événement Cirque du Soleil qui fait sensation.
Engagé
En 1999, il donne à New York un concert mémorable sur la scène Hammerstein Ballroom, où Stevie Wonder lui fait l’honneur de venir partager la scène avec lui le temps de quelques chansons. Mais en 2003, l’étoile sénégalaise y annule une série de concerts à la suite de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine. Car engagé, le chanteur l’est très certainement. Il est membre du Programme de développement des Nation unies (PNUD), spécialisé sur les questions de VIH/sida, ambassadeur de l’UNICEF, créateur de spots publicitaires télé et radio faisant la promotion du préservatif, et à l’origine d’une initiative intitulée Joko, du nom de son disque sorti en 2000, Joko, From Village to Town. Il s’agit d’un réseau de centres d’accès à Internet et de formation cherchant « à stimuler l’utilisation de l’Internet et le développement économique dans des zones rurales et urbaines et dans le monde pour la diaspora africaine et sénégalaise », peut-on lire sur le site officiel du chanteur.
Enfin, Youssou N’Dour croit que la musique africaine et ses artistes demeurent parmi les meilleurs ambassadeurs du continent et « mériteraient d’être beaucoup plus respectés par les maisons de disque ». « La musique africaine se porte bien. Elle est diversifiée, urbaine et ouverte au reste du monde en incorporant d’autres rythmes dont les rythmes latinos. »
Rendez-vous
Et s’il a accepté d’être le parrain de Nuits d’Afrique, c’est qu’il ne fait pas de doute pour l’artiste qu’il s’agit là d’un « plateau important pour la musique africaine. C’est aussi la fête des vacances. Et aujourd’hui, dans le contexte de la musique africaine, il est aussi important d’encourager les promoteurs. » Le chanteur, dont les formations musicales dans les années 1970 et 1980 se sont tour à tour appelé l’Étoile de Dakar et le Super Étoile, alors qu’il se produisait dans les clubs de la capitale sénégalaise, ouvrira le bal du Festival, le 13 juillet au Métropolis. Et là, c’est à une étoile internationale que vous aurez à faire.
par : France-Isabelle LANGLOIS
pour Alternatives Canada
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