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03 octobre 2005

Le jazz-band à Katché

A la tête de son quintette, le batteur explore le jazz et sort le mélodieux Neighbourhood

Il l'admet sans rougir: «Je suis polygame.» Comment le blâmer? Difficile de résister à Joni Mitchell, à Tracy Chapman, à Sting, à Peter Gabriel, quelques-unes des stars qui, depuis vingt-cinq ans, se disputent Manu Katché. Toutes ont été fascinées par l'arc-en-ciel de sons qui jaillissent des toms et des cymbales de ce batteur-percussionniste. Katché, 46 ans, a accompagné les plus grands noms du rock (Jeff Beck), de la chanson (Michel Jonasz), de la world music (Youssou N'Dour) et du jazz (Michel Petrucciani).

A chaque genre musical il apporte sa touche. Avec lui, le rock swingue, la pop se teinte de gimmicks africains, le jazz se salit de timbres rouillés. Sa richesse musicale découle de ses origines - une grand-mère violoniste, un grand-père accordéoniste, un père chanteur de gospel - et de son parcours. Adolescent, il reçoit le premier prix de percussions du Conservatoire national de Paris et se produit dans des orchestres classiques. En même temps, il arpente les clubs de jazz parisiens de la rue des Lombards et côtoie les pop stars. Après avoir enregistré plus de 200 disques, Katché se lance aujourd'hui dans une nouvelle aventure, sortant un album de jazz, Neighbourhood, pour le label ECM. Cette fois, c'est lui le leader et son casting est irréprochable. Dans son quintette, on retrouve le célèbre saxophoniste Jan Garbarek et l'on découvre le talent d'un jeune pianiste polonais, Marcin Wasilewski.

Encore une fois, Katché parvient à démanteler le stéréotype selon lequel un batteur n'est qu'un accompagnateur. «J'ai toujours joué de la batterie et des percussions de façon mélodique. C'est peut-être dû au fait que mon premier instrument était le piano», explique-t-il. En accordant ses toms et sa caisse claire comme le ferait un musicien indien de tabla, il arrive à créer des accords et des mélodies. «L'écriture de cet album n'est pas “jazzistique”, précise Katché.
La structure des morceaux est celle de la pop: intro-couplet-refrain. Mais l'attitude des musiciens est jazz: on crée des mosaïques où les sons s'encastrent et miroitent. On invente un espace où les notes sont lancées dans l'air et attrapées par l'un ou l'autre en plein vol, avant qu'elles ne se fracassent.»

Neighbourhood, ECM. Le 4 octobre, à la Cigale, Paris (XVIIIe).

par Paola Genone

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