Contre la "world"
"Le rock a souvent montré qu'il était sourd aux autres musiques, c'est une honte", répète Damon Albarn. L'icône de la britpop des années 1990 n'est pas tendre avec ses pairs, et encore moins avec ceux qui ont trempé dans la world music, un "concept qui laisse croire que la Terre est plate, alors qu'à Honest Jon's nous la voulons ronde et fertile". Peter Gabriel, fondateur du festival Womad en 1987, puis du label RealWorld, en prend pour son grade : "Honest Jon's a une saveur radicalement différente des productions qui sortent des studios RealWorld. Là-bas, on ajoute des effets technologiques aux musiques du monde, on les triture, on les mélange. Donc on les tue, on les dénature. Cela devient de l'ambient music. Et puis, il faut se déplacer, ne pas attendre des démos depuis son chez-soi à Londres. Nous sommes allés en Algérie enregistrer le projet arabo-andalou El Gusto (présenté aux Nuits de Fourvière le 6 juillet), cela a duré trois jours, sur le vif, prenant la musique comme elle se joue, avec fraîcheur."
Plus déprimant encore, "scandaleux, criminel", fut le Live 8 organisé en juillet 2006 par Bob Geldof pour convaincre les dirigeants du G8 d'aider l'Afrique à sortir de la pauvreté. Parmi le millier d'artistes animant les concerts planétaires, il y avait une seule star africaine, le Sénégalais Youssou N'Dour, un ami et compagnon de luttes humanitaires de Bono, chanteur de U2. Damon Albarn n'avait pas décoléré, dénonçant en termes vifs "la volonté du Live 8 de montrer l'Afrique comme un continent fatigué, pauvre, en déclin. Ce qui est faux".
Depuis l'album Mali Music, publié en 2002, Damon Albarn attend que ça change. Mais pas les bras croisés. "Nous avons montré des possibles, j'ai une longue relation d'amitié avec ces musiciens, et j'ai du mal à penser que tout est encore compliqué."
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